DNA Bas-Rhin de 20 janvier 1999

A l'assaut du donjon


Le conseil général accueille jusgu'au 28 février une exposition sur le thème "Donjons français". Des photos, des panneaux et surtout une superbe maguette, avec la reconstitution d'un siège.

Bernhard Spieren, architecte allemand, poursuit ses rêves d'enfant à jouer au château-fort, mais en scientifique, soucieux du moindre détail. En 1996, il a fondé la Gesellschaft für Internationale Burgenkunde (société internationale des châteaux-forts) afin de mettre ses travaux de recherche entrepris depuis douze ans à la disposition d'autres personnes. L'association compte actuellement 75 membres. Ses objectifs: poursuivre les recherches et organiser des expositions, en contact avec d'autres associations culturelles.
L'exposition sur les donjons français est le fruit de trois années de travail. Elle se compose de deux parties. Tout d'abord une cinquantaine de panneaux présentant en photos et en plans les plus beaux donjons de France. De celui de Langeais à celui d'Aigues-Mortes, de Castelnaud à Chateaudun, il y a là tout un pan de l'histoire médiévale, le donjon étant le symbole de la puissance et de la position sociale de commandement.

Chaque panneau resitue le passé du momunent, enjeu du passage des différents belligérants. Ou cadre d'un événement historique comme Chinon où Jeanne d'Arc a rencontré le Dauphin. Ces panneaux sont complétés par des glossaires qui permettent de connaitre ou de retrouver les termes techniques concernant l'architecture, les engins de combat, les armes.

Le plus puissant

Pièce maitresse de cette exposition: une énorme maquette du plus puissant donjon français: celui de Coucy, dans l'Aisne. Elle a été réalisée par des élèves du lycée Einhard d'Aix-la-Chapelle, sous la direction de M. Siepen. Arrêt sur image donc d'une fortification assiégée en 1339 par les Anglais. L'architecte allemand a eu le souci pédagogique de faire reproduire une partie du donjon en coupe. Ce qui fait que l'on visualise facilement l'intérieur du donjon, avec notamment la "salle des preux", les caves, les annexes, la cour intérieure.
Un décor qui est pris d'assaut et occupé par quelque 2 000 figurines, également inventées, modelées et peintes par M. Siepen. La mise  en  scène  implique  tous

les engins de guerre: trébuchet, catapulte de flèches, bélier. C'est un champ de bataille de la Guerre de Cent Ans, avec ses assauts de cavalerie, la tour de siège implantée dans les douves, les archers du château protégés par les hourds.
Et M. Siepen ne s'est pas contenté de l'aspect guerrier. Il a reconstitué le quotidien d'une bataille avec ses infirmeries, ses écuries, ses cantines. Avec humour, mais souci du détail réaliste, il a même mis des soldats sur...des latrines de voyage et des chevaliers dans des baignoires! Dans le chàteau, on peut voir aussi bien l'ennemi soumis à la question que le forgeron en train d'aiguiser une hache ou l'arrachage d'une dent. Et même le bouffon en train de jouer au voyeur sur un char bâché, alors qu'un chevalier s'habille! De quoi donner une vision détaillée du quotidien au Moyen-Age.

D.E. Wirtz-Habermeyer

Exposition "Les donjons français" à l'Hötel du Département, ouverte jusgu'au 28 février, de 10 à 18h du lundi au vendredi et de 14 à 18h le samedi et le dimanche (entrée libre).

La reproduction d'une partie du donjon en coupe.                                (Photo DNA - Michel Petry)

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